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Tests d'objectifs

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Prise de vues

C'est pendant mes nombreux échanges d'e-mails avec mon copain Victor que l'idée est venue de tenter une série de tests d'objectifs. Victor me demande souvent mon avis sur tel ou tel objectif repéré sur eBay et dont je possède un exemplaire, et il me fallait un moyen objectif de comparer.
Jusqu'ici, je sortais dehors et faisais une série de la même vue avec différents objectifs, mais nous cherchions une méthode plus... scientifique.
Première méthode: les tests par mires. J'avais fait des tests de ce genre à l'école de photo en 1980, avec de la pellicule à grain très fin, je m'en suis inspiré pour reproduire ce procédé, mais en prises de vues numériques. Ce test permet de juger du "piqué" d'un objectif, mais il est nettement insuffisant pour avoir un jugement complet, notamment au niveau du rendu des couleurs. Il faudra donc le compléter par la suite.

MirePremière difficulté: se procurer une mire de bonne qualité. Après pas mal de recherches sur internet, je suis tombé sur celle-ci, reschrt3.gif, sur http://members.cox.net/lenstestr1/lenstest.htm. L'auteur précise qu'imprimée, elle doit mesurer 4.5"x5.5", c'est ce que j'obtiens comme dimensions cadre noir compris en imprimant à 100% depuis XnView (50% depuis PSP 7) sur mon imprimante laser Epson EPL-5800L, et en plus le résultat est parfait!
Cette mire est une copie de celle concue pour des tests de l'US Air Force en 1951, et très souvent utilisée pour des tests d'objectifs depuis. Les quelques société qui la commercialisent la vendent très cher, heureusement que de braves internautes en ont publié des versions parfaitement utilisables.

Attention, l'image ci-contre est un fac-similé, c'est le fichier d'origine qu'il faut imprimer!

Installation de prise de vuesJe me suis procuré une planche d'Isorel de 1m sur 1,50m, que j'ai installée le long du mur du salon (la plus grande pièce de la maison) Le centre est à 1,50m du sol, pour des raisons pratiques: passer au dessus du canapé! la longueur de la pièce ne permettant pas d'utiliser toute la surface de la planche, les mires sont disposées dans un rectangle plus petit, 1,30mx0,87m. L'éclairage est fourni par deux fois deux ampoules Sumikon 25w 5400°K achetées chez Pearl, montées sur mes supports-parapluies (argentés) achetés en chine via eBay. En fonction de la focale de l'objectif (50 à 58mm), l'appareil sera à environ 3,50m - 4m (je place les mires aux quatre coins du viseur, celui-ci coupant un peu, mes mires ne seront pas tout à fait dans les angles de l'image finale.

Les prises de vues seront faites avec mon EOS 400D, 10.1 Mpixels, capteur APS-C. Pourquoi pas avec l'Eos 5D et son capteur "full frame"? Certains des objectifs que je veux tester ne s'adaptent pas dessus (Volna 1), et mon "client" utilise un boitier à capteur APS-C (comme la majorité des utilisateurs de reflex numériques). Le 5D a une résolution de 12,8 Mpixels, ramené à la surface d'un APS-C, ça donne environ 8 Mpixels, donc à distance égale de la mire, le 400D a une résolution supérieure.

Le boitier, privé de sa carte mémoire, est raccordé par sa prise USB à l'ordinateur, grâce au logiciel EOS Utility je contrôle la vitesse d'exposition et le déclenchement, les images sont écrites directement sur le disque dur. Elles sont enregistrées au format Raw, le jugement des résultats se fera directement sur ces images affichées à 200% dans Le Logiciel Canon DPP, avec la possibilité de jouer sur l'exposition pour faciliter la lecture, sans modifier le fichier d'origine. Les lampes étant données pour une température de couleurs de 5400°K, les images seront affichées à cette température de couleur dans le logiciel.

Interprétation

MireNotation:
Les mires de chaque série sont numérotées de 1 à 6, la plus grosse série(ici) s'appelle -2, la suivante -1 etc...
J'ai donc choisi de noter en partant de 1 à 6 pour la plus grande série, puis en continuant 7, 8, 9 etc... par ordre de taille (ça donnerait un maximum de 24 points pour cette charte, mais en réalité le capteur du 400D dans ces conditions permet au grand maximum d'aller jusqu'à 15-16 (en étant très "gentil").
J'affiche donc chaque prise de vue à 200% dans DPP, en modifiant éventuellement l'exposition pour rendre la lecture plus confortable (les objectifs vignettent à pleine ouverture, il n'est pas rare d'avoir plus d'un diaphragme de différence entre le centre et les angles). Par défaut, les boitiers Canon EOS ont une "netteté" réglée à 2, elle est à zéro dans mes boitiers. Et j'essaie de transformer ce que je vois en résultat chiffré. Pour les bords, je choisis le meilleur.
C'est à ce niveau qu'intervient la subjectivité: à leurs meilleurs diaphragmes, la plupart des objectifs ont une résolution supérieure à ce que le capteur du 400D peut distinguer, et si je veux avoir trois barres verticales et trois barres horizontales parfaites, tous mes objectifs auront une note maximale de 12 et afficheront une courbe quasi-identique. Or moi je veux les comparer! J'ai donc noté "gentil", en m'efforcant toutefois de noter de la même façon pour chaque.

Attention: ces tests ne sont donc pas des tests "scientifiques" de résolution, ils donnent juste la résolution d'un objectif monté sur l'EOS 400D de Thierry et jugée par Thierry. C'est tout! D'ailleurs, j'ai choisi de ne faire aucun calcul qui donnerait une résolution en "lignes/mm", j'attribue juste des points. Ils me permettent de comparer mes objectifs, et par conséquent si vous avez un de ceux-là vous permettront de vous faire une petite opinion. Autre rôle: ils permettent de savoir à quels diaphragmes un objectif donne les meilleurs résultats.

Premières constatations: sur des tests équivalents réalisés avec de la pellicule, l'interprétation des résultats était parfois faussée par la différence de contraste entre les objectifs: les objectifs "Russes" sont souvent moins contrastés que les "Japonais" (ce qui donnait quelquefois l'impression que les Japonais étaient meilleurs, alors qu'objectivement ce n'était pas le cas). Ici cette différence est "nivelée" par le capteur numérique, le contraste supérieur se traduit chez certains "Japonais" par du parasitage faisant "baver" les traits, m'incitant à donner de moins bonnes notes. J'ai du recommencer ma lecture en en tenant compte, mes notes tendaient à plafonner à 12!

Résultat angle supérieur gaucheRésultat centreUne aberration optique jusqu'ici peu génante a fait son apparition avec les capteurs numériques: il s'agit de la coma, qui apparait quand on s'éloigne du centre, à cause de l'inclinaison des rayons lumineux, les images semblent "baver" vers l'extérieur (c'est pour celà qu'en théorie les utilisateurs de boitiers numériques devraient se procurer des optiques spécialement destinées au numérique).
Ici le coin supérieur gauche comparé au centre.
La coma disparait sur toutes les optiques testées ici vers f:4-5.6. Il n'est même pas certain qu'elle soit gênante, elle participe peut-être au fameux "bokeh" qu'apprécient tant d'internautes utilisateurs d'optiques anciennes. Moi qui ai l'habitude d'utiliser mes optiques à f:8 ou 11, je ne la connais même pas. On pourra au vu de mes résultats choisir de l'éviter, ou d'en jouer...

Image complète (miniature)Image complète (miniature)Image complète (miniature)

J'avais également envisagé de profiter de ce test pour juger du rendu des couleurs. C'est pourquoi j'ai placé cette charte colorée sur mon "mur". Le résultat n'est pas suffisamment parlant, il faudra trouver autre-chose. Comme exemple ici, de gauche à droite: Industar-50, Industar 61 L/Z, SMC Takumar 1.4/50. L'I-50 est assez froid, l'I-61 donne une belle saturation des couleurs, le Takumar est très jaune. La différence entre les deux Industar n'est pas mise en avant, par contre la dominante du Takumar apparait bien, mais attention, elle sera "gommée" par la balance des blancs automatique, ici les images sont toutes réglées sur 5400°K.

Exemples

J'ai rentré tout mes résultats dans un tableur (bien connu!) qui m'a permis de créer des graphiques, bien plus pratiques pour exploiter mon travail.

GraphiqueCa, c'est mon Helios 44-2 "historique", celui qui m'accompagne depuis 1978. Au centre, il fait partie des meilleurs (est-ce parce qu'il est un des premiers dont j'aie jugé les images?). Il présente le schéma caractéristique des optiques de l'Est: privilégiant la qualité au centre, et demandant a être fermé à f:8 ou 11 pour avoir la meilleure qualité sur tout le champ. Les Helios 44 sont très sensibles au phénomène de coma, on ne va pas leur en vouloir: leur conception date de 1927 (par Merté pour Zeiss), même s'ils ont été plusieurs fois recalculés.

GraphiqueGraphiqueGraphiqueIl faut impérativement relativiser les résultats: ces trois Helios 44M-4 ont à peu de choses près la même qualité. Mais ces tests demandent une mise au point parfaite, pas toujours facile (l'autofocus n'est pas assez précis pour aider dans ce cas) je dois donc faire le point, prendre la photo, juger, refaire le point (ça aide de travailler avec le boitier directement raccordé à l'ordi). Sur ces trois objectifs, seul celui du milieu a une mise au point parfaite, ce qui influence nettement les notes à pleine ouverture.

GraphiqueGraphiqueGraphiqueLes tests par mires ne permettent absolument pas de faire la différence entre objectifs non MC et objectifs MC. La formule optique des Helios 44 a été plusieurs fois recalculée. A voir les différences entre les versions 4, 5 et 7, il semblerait qu'on ait cherché à améliorer le piqué au centre, pas vraiment sur les bords! Le 44M-7 est un de mes préférés, c'est sans doute la qualité de son traitement multicouches qui fait la différence. mais sur ce type de test la différence n'apparait pas!

GraphiqueAutre limite, en sens inverse, de ce genre de tests: l'industar-50 est un des meilleurs, notemment parce qu'il est excellent dès la pleine ouverture. Malheureusement, il n'a jamais été produit en version multicouches, et il "s'écroule" en cas de contre-jour (d'autant plus que son montage permet mal l'usage d'un pare-soleil).


Voilà, ces tests sont maintenant publiés sur le site principal (www.collection-zenit.fr) à la page de chaque objectif. Ils devront être complétés ( rendu des couleurs, bokeh...), je réfléchis à la méthode...

Fin