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Adler 169-373

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Ce n'est pas courant d'accueillir une machine industrielle chez moi. Celle-ci est au départ destinée à la maroquinerie, avec un système de pied double, spécialement étudié pour les matériaux difficiles à entrainer.

Toute nue, elle pèse dans les 30kg. Ce "toute nue" est important, car 30Kg est le poids maximum pour que le colis soit pris en charge par Mondial Relay, Vincent a donc dû la "déshabiller" pour me l'expédier en deux colis. Evidemment, il n'a pas envoyé la table !

Adler sur ma table de travailLe travail demandé, c'est le remplacement de la courroie interne qui transmet le mouvement à l'arbre du crochet rotatif (courroie neuve fournie). Mais pour celà, il fa falloir commencer par dégripper la machine, qui n'a pas servi (ni vu d'huile) depuis longtemps. L'arbre supérieur est difficile à tourner, le mécanisme des pieds presseurs est grippé, l'arbre du crochet rotatif est quasiment bloqué.

Dégrippant, pétrole et huile de coude seront nécessaires pour redonner vie au mécanisme supérieur. Pour le bas, un souci: il faut faire tourner l'arbre pour faire circuler le dégrippant et le décoincer, et ce ne sera possible qu'en remettant une courroie.

Poulie supérieurePour commencer, il faut soigneusement nettoyer les restes de l'ancienne courroie: grattage au tournevis, puis polissage avec mon outil habituel: mini-perceuse munie de sa brosse métallique.

Le palier arrièreEnsuite, il faut trouver par où passer cette courroie: ce sera en retirant le palier situé en bout d'arbre. Astuce pour pousser ce palier: desserrer les vis qui tiennent le pignon de la courroie, et utiliser celui-ci comme une masselotte pour frapper par petits coups la partie interne du palier, jusqu'à l'écarter suffisamment pour pouvoir passer des tournevis et faire levier.

Le passage laissé en retirant le palierLe palier parti, il faut faire passer la courroie. C'est juste, il faut pousser à l'aide d'outils sans angle vif qui pourraient l'endommager. Cette courroie est gentille, elle prend naturellement le bon chemin à l'intérieur du corps de la machine !

La courroie en hautLa voici en place. En haut...

La courroie en bas... Et en bas.

La poulie inférieure est attachée à l'arbre par deux vis qu'il faudra desserrer pour régler la synchronisation crochet-aiguille.

Mais avant, aiguille retirée, je peux faire tourner la machine pour finir de dégripper le mécanisme. Je m'aide d'un moteur Chinois tenu à la main (j'ai commencé par un moteur Singer, mais il n'était pas assez puissant pour le mécanisme grippé). Après un moment, le pétrole a circulé, la machine tourne "avec un doigt", opération réussie !

Positionnement de la tige d'aiguillePassons à la synchronisation:
(j'ai emprunté le truc de la pince sur cette vidéo)
D'après la notice, on doit utiliser une cale de 2mm d'épaisseur; j'utilise en remplacement un tube de cuivre qui fait 2mm de diamètre.

1) on descend l'aiguille au maximum, et on fixe une pince le long de la tige, 2mm en dessous du bâti.
2) on retire la cale.
3) on fait remonter l'aiguille jusqu'à ce que la pince vienne en butée.

Alignement du crochet Il n'y a plus qu'à aligner la pointe du crochet rotatif avec l'axe de l'aiguille, et serrer les vis (contrairement à la vidéo citée plus haut, l'alignement se fait au niveau de la poulie de courroie).

Attention: le crochet rotatif fait deux tours par cycle d'aiguille. Sur une machine "classique", la synchronisation doit se faire quand la griffe d'entrainement est en bas. Sur ce modèle, l'ouvrage est entrainé par l'aiguille (qui avance pendant la couture), la griffe est en haut à ce moment, il faut donc synchroniser le crochet avec le support de la griffe vers le haut !

Il est maintenant temps de passer au nettoyage: vous aurez peut-être remarqué sur les photos qui précèdent une grande quantité de crasse.
Crème à récurer - brosse à dents sur l'extérieur et là où ça ne risque pas d'atteindre le mécanisme, pétrole et chiffon partout ailleurs (et démontage des pièces "faciles" pour rincage dans l'évier). Je frotte à l'huile le corps et les pièces fraichement nettoyées pour éviter l'oxydation. J'ai retiré l'équivalent d'une cuiller à café de boue derrière le mécanisme de la griffe d'entrainement !

Puis lubrification complète de la machine (qui tournait encore au pétrole), et rhabillage en nettoyant au fur et à mesure les éléments remontés.

leviers releveursLe levier releveur du pied presseur est cassé; je l'ai remplacé par celui d'une Singer 15, que j'ai meulé pour en modifier la forme.

Adler 169Et voici la bête au complet.

J'ai fait un petit essai de couture, mais je n'ai ni le bon fil, ni la bonne aiguille, ni le bon matériau !

Le montage du volantEvidemment, pour une question de poids, il faudra à nouveau la déshabiller pour la réexpédier en deux colis. Pas de difficulté particulière au remontage, sauf peut-être pour le volant: il faut serrer d'abord les vis 1, en s'assurant de laisser un léger jeu à l'axe(1/4 - 1/2mm), puis les vis 2 (la vis externe se plaque contre le volant, la vis interne la bloque). Si on fait le contraire, on supprime le jeu, le volant frotte contre le palier et la machine force.

Trou de lubrificationIl faudra aussi avant la remise en service penser à la lubrification (en beaucoup de points, certains derrière des caches, il vaut mieux se fier à la notice). Un point, entre autres, à ne pas oublier, celui-ci: derrière, un tube conduit l'huile vers le feutre de lubrification du palier de l'arbre du crochet rotatif. Je n'aimerais pas que ça grippe à nouveau !

Apeçu du fonctionnement des pieds presseurs alternatifs ("triple entrainement" d'après la brochure Adler):

pied presseur et aiguille en actionPieds relevés.

pied presseur et aiguille en actionLevier baissé, le pied presseur double de l'arrière tient l'ouvrage, le petit pied central est relevé.

pied presseur et aiguille en actionLe petit pied central descend en même temps que l'aiguille.

pied presseur et aiguille en actionLe pied presseur double se soulève, pendant que l'aiguille et le pied central avancent, entrainant l'ouvrage.

pied presseur et aiguille en actionEn fin de point le pied presseur double revient bloquer l'ouvrage pendant que l'aiguille ressort et que le pied central l'accompagne en remontant.