Remise en état de mes Singer 28K

Première opération: démontage.
J'ai retiré (séparément) des deux machines les éléments à nettoyer/dérouiller. Seules difficultés, les tiges métalliques qui portent l'aiguille et le pied presseur, bloquées. Avec de la patience et de l'huile 3en1 (en burette, pas en bombe), elles sont venues sans dégâts. Une fois ces pièces retirées, les machines ne sont plus bloquées.

Ensuite, nettoyage des pièces détachées: le dérouillage se fait avec une brosse métallique montée sur une perceuse, soit en tenant la pièce dans un étau (garni de cales de bois blanc sur les mâchoires, pour ne pas abimer), soit en bloquant la perceuse pour présenter la pièce à la main. Les plaques de la n°2 étaient à l'origine nickelées, le peu de nickel qui reste part au brossage. Le brossage à grande vitesse permet d'avoir un état de surface "poli", sans rayures. J'ai évidemment procédé très délicatement sur les petites pièces, et sur les plaques décoratives, pour ne rien abimer.

J'ai ensuite voulu protéger les pièces nettoyées en les traitant au convertisseur de rouille. Mauvaise idée, il m'a fallu ensuite recommencer tout le polissage. Et sur le corps des machines, ça a provoqué quelques petites cloques qui ont soulevé la peinture.

Seconde opération: lubrification et remontage.
Débarrassée du mécanisme de l'aiguille, la Singer tourne, mais en grinçant horriblement. Il faut savoir qu'une machine à coudre de ce type "fonctionne à l'huile", le manuel d'origine conseille même de lubrifier avant chaque utilisation! Et aucune pièce bloquée ne refusera de se décoller une fois sérieusement huilée.

Je commence par retirer le mécanisme inférieur (vis indiquées par les flèches). Attention, la vis indiquée par un point d'exclamation est excentrique, au remontage il faudra re-régler le centrage de la griffe d'entraînement du tissu.

Ensuite, il faut huiler, huiler... en commençant par la vis et le mécanisme de réglage de longueur de point. Travailler jusqu'à ce que la vis tourne bien. L'huile "3en1" a un pouvoir dégrippant plus important, par la suite, la lubrification se fera à l'huile "normale" pour machine à coudre.

Ensuite, huiler l'arbre d'entrainement, par les trois trous prévus à cet effet au dessus.

Huiler également entre les cames de l'arbre et les renvois vers le bas.

Voilà, ça tourne librement, sans grincer, 2-3 tours avec l'élan! Passons au remontage.
J'ai commencé par remonter tout le mécanisme inférieur, y compris la griffe d'entraînement, en replaçant provisoirement la plaque au-dessus, pour régler le positionnement de cette griffe (mouvement centré avec la longueur de point réglée au maximum).

Remontage des tiges de presseur et d'aiguille et de leurs mécanismes et leviers, en huilant très généreusement.
C'est la 28K de 1905 qui a été photographiée pour illustrer le remontage, vous pouvez voir dans quel état est la vis de réglage de pression! il manque une vis pour tenir l'axe du pied presseur.

Dernières opérations: remontage des différents caches, remontage de la bobineuse, remontage du mécanisme de tension du fil (avec des pièces neuves commandées par Internet). Lustrage (j'ai utilisé de la cire pour meubles). J'ai pris un soin tout particulier au polissage de la navette, pour que la boucle de fil glisse bien. Les Singer (et quasiment toutes les marques) utilisent les mêmes aiguilles depuis le 19é siècle, pas de problème pour en trouver une, mais attention, elles se montent avec le chas sur le côté, le fil s'enfile de la gauche vers la droite.

Il faut maintenant s'occuper du meuble.

Je suis allé dans mon garage récupérer la table, que je n'avais pas encore bien regardée. Au grand jour, ce n'est pas glorieux. Si la partie fer forgé est correcte, le dessus en bois n'est pas réparable: il est fait d'une planche de bois blanc, entourée de baguettes, et recouverte d'un placage. Ce placage est abimé et incomplet, à moins de connaitre un ébéniste, sa remise en état n'est pas dans mes cordes.
Plutôt que de transporter la table à la maison, je la porte directement chez le menuisier
C'est faisable, le dessus sera refait en chêne. Les charnières et les anneaux de passage de la courroie seront réutilisés, mais pas les fixations du couvercle, inutiles puisque le couvercle est perdu.

Je remporte la partie métallique pour la repeindre: démontage, ponçage à la brosse métallique, peinture noire mat spéciale métal, puis dorure sur les médaillons des côtés et le logo central. Mon menuisier a travaillé vite, j'ai juste le temps de terminer le remontage (avec lubrification des éléments mobiles), avant de lui reporter le châssis, une machine à coudre et une courroie, pour terminer le remontage et les derniers ajustements.
Retour à la maison pour les dernières opérations: cirer le bois et placer la machine.

Arriveront encore, commandés par Internet, un "pneu" pour la bobineuse, des disques et ressorts neufs pour le mécanisme de tension du fil, et une courroie.
Ca coud parfaitement (après quelques réglages), mais il me reste à m'entraîner à l'utilisation de la pédale!
L'autre 28K, celle de 1905, est également remontée et huilée, mais sans racheter les pièces manquantes. Peut-être plus tard?